Alain Dana, président de l'URLEM « L’URLEM constituera une force intelligente vis-à- vis des pouvoirs publics »
Alain Dana est radiologue libéral à Paris et président de l’Union de la radiologie libérale en mouvement (URLEM). Cette association, dont la plupart des membres sont adossés à des fonds d’investissements, entend se poser comme un « interlocuteur de référence » dans l’écosystème français de l’imagerie.
L’URLEM, présidée par le radiologue libéral Alain Dana, comprend 12 groupes de radiologie libérale représentant 1 000 radiologues. © Cyril Bruneau
Docteur Imago / Pourquoi avoir créé l’URLEM ?
Alain Dana / Tout d’abord, le nom de notre association contient le terme « en mouvement » pour traduire l’orientation vers l’avenir. Ce que nous redoutons, c’est ce que nous avons malheureusement pu voir avec des structures radiologiques sur le modèle classique qui ont fini par disparaître compte tenu d’une impossibilité d’intégrer des radiologues plus jeunes, faute de moyens. Notre but est d’arriver à construire des structures solides et de nous concentrer sur notre pratique de médecin. Or, aujourd’hui, nos centres sont soumis à de plus en plus de contraintes administratives, de contraintes liées à la gestion des ressources humaines, aux achats et à notre capacité d’acquérir les matériels de notre choix. Construire une structure opérationnelle et financière solide nous permet d’avoir plus de liberté pour nous occuper de nos patients.
I. / Quel rôle aura votre organisme ? Se positionne-t-il comme un nouvel interlocuteur dans le paysage de l’imagerie libérale ?
D. / Nous ne sommes pas en train de créer une structure syndicale, nous ne faisons aucune concurrence à la FNMR. Il n’y a aucune ambiguïté, et nous souhaitons avancer main dans la main avec la FNMR. L’URLEM comprend environ 1 000 radiologues et constituera une force intelligente vis-à-vis des pouvoirs publics, notamment de la commission sénatoriale qui a auditionné certains de mes collègues. Le but est d’envisager notre avenir, d’améliorer la qualité et de mettre en place des procédures d’expertise, de manière à être un interlocuteur de référence dans notre écosystème.
I. / Avez-vous créé l’URLEM car vous ne vous reconnaissiez pas totalement dans le discours de la FNMR ?
D. / Aucunement. Nous apprécions son travail et nous en sommes membres pour la plupart. En revanche, nous ne nous reconnaissons pas dans le discours de certains détracteurs systématiques qui avancent des arguments infondés et inexacts à propos de nos structures sous prétexte qu’elles auraient des investisseurs pour les soutenir.
I. / Quels sont ces discours que vous évoquez ?
D. / Ce sont souvent des discours qui sont construits sur une idée fausse et ne prennent pas en compte les problématiques actuelles auxquelles nous devons faire face en tant que médecins, mais aussi de dirigeants d’entreprise. Ces discours sont souvent tenus par nos plus jeunes collègues.
I. / Faites-vous allusion à l’association Collectif pour une radiologie indépendante et libre (CORAIL) ?
D. / Entre autres. Jusqu’à présent, nous n’avons pas pu trouver l’occasion d’avoir un débat d’idées avec eux, mais je leur réitère mon invitation.
I. / Quelle est votre vision du futur ?
D. / Le futur, c’est l’intégration des jeunes. Par exemple, dans le groupe Excellence Imagerie, il y a une quinzaine de nouveaux radiologues qui vont intégrer les différents centres. Ces jeunes radiologues ont la possibilité d’investir dans la structure avec des conditions privilégiées. Proposer cette possibilité d’intégrer une structure dans de bonnes conditions et de travailler dans des spécialités d’organe avec des équipements de qualité et les meilleurs collaborateurs constitue une partie de notre vision d’avenir.
I. / Les membres fondateurs de l’URLEM sont adossés à des fonds d’investissement. Est-ce une façon de regrouper toutes ces structures sous une même bannière ?
D. / La consolidation peut donner lieu à des participations de sociétés d’investissement. Cela permet d’être plus sereins, de nous tourner vers l’avenir et de nous décharger des contraintes financières. Notre point commun est plutôt d’être au cœur de la médecine, d’améliorer notre capacité à faire le choix des équipements, de créer des centrales d’achat et ainsi de mettre à disposition de nos patients les meilleures conditions d’exercice.
« Le mot « financiarisation » est utilisé à tort et à travers pour servir de repoussoir. Je ne veux pas l’entendre. »
I. / Ce que vous appelez « consolidation » est synonyme de financiarisation…
D. / Ce mot est utilisé à tort et à travers pour servir de repoussoir. Je ne veux pas l’entendre. Nous prenons des associés qui nous permettent d’être plus tranquilles du point de vue de notre liberté d’action, d’exercer dans de meilleures conditions et de disposer d’une totale indépendance médicale. Nous serons vigilants à ce que des sociétés d’investissement qui ne seraient pas en phase avec cette idée d’indépendance ne rentrent pas dans notre communauté.
I. / Ces investisseurs ont des parts dans votre société…
D. / Oui bien sûr, comme la loi le permet. Mais ils ne sont évidemment pas en charge du médical. Ils ne dépassent pas 25 % des droits de vote.
I. / Qu’en est-il des droits financiers ?
D. / C’est variable en fonction des différents groupes. Mais savoir quelle est la part d’investissement des uns et des autres, cela n’a pas d’importance. Ce ne sont justement que des droits financiers : ils rémunèrent un risque d’actionnaires comme nous-mêmes, et ne permettent pas d’interférer dans la gestion médicale. Cet apport financier nous permet de nous développer et de nous moderniser. Il y a un engouement énorme des jeunes qui veulent venir dans des structures bien organisées.
I. / Comprenez-vous les inquiétudes autour de la financiarisation en radiologie ?
D. / Je les comprends. Toute nouveauté génère de l’inquiétude, mais la nouveauté est aussi une opportunité. Nous voulons avancer dans le projet d’une médecine de qualité. C’est l’ambition de l’URLEM. Notre projet est attractif et nous voulons démontrer que le médical est au cœur de nos préoccupations. L’URLEM est à cet égard un excellent forum pour prendre le temps d’expliquer notre approche à ceux qui s’inquiéteraient de cette « financiarisation ».